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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 09:53

Un printemps arabe ou des printemps arabes?

A l'évidence il convient plutôt de parler de printemps arabes au pluriel tant les mouvements qui ont pris leur naissance en Tunisie et en Egypte pour se diffuser ensuite à un nombre significatif de pays du proche Orient sont divers.

L'origine des printemps tunisien et égyptien est économique et sociale. Elle n'est pas politique. C'est la cherté de la vie, le chômage endémique chez les jeunes, l'absence de perspectives de progrès qui ont conduit la foule à descendre dans la rue, aboutissant à la chute de régimes politiques qui - en réalité - étaient à bout de souffle. Ce n'est donc pas principalement une aspiration à la démocratie, à la liberté et à la progression des droits fondamentaux qui si elle ne fut pas absente des revendications à Tunis comme au Caire, a été le moteur central. Nous sommes en présence de jacqueries qui se sont muées en révolution, sur le modèle français, plutôt que sur un modèle de révolution politique de type britannique ou américaine !

Le modèle libyen est de ce point de vue différent, dont le ressort a été avant tout un rébellion de type tribale et régionale contre le régime de Tripoli. La société libyenne est un patchwork dont l'unité sous Kadhafi était garantie par la force et la corruption. Ceci explique en partie la lenteur de la désagrégation du régime du dictateur libyen au delà de l'organisation de ses forces armées et policières et de leur fidélité plutôt marquée au "guide."


Le rôle des militaires dans ces printemps.

En Tunisie, le poids de l'armée est négligeable et n'a donc pas eu d'effets ni d'entraînement ni de blocage au mouvement devenant inexorable avec la faible réaction du régime de Ben Ali. De tous les pays du Maghreb et du proche Orient, la Tunisie est sans aucun doute la société la plus occidentalisée où l'opinion publique a donc joué un rôle primordial, empêchant toute réaction par la force de Ben Ali et de sa famille.

En Egypte, la situation est toute différente dans la mesure où c'est l'armée qui est le pivot du régime depuis Nasser et plus encore depuis l'assassinat d'Anouar el Saddat. L'armée en ne réprimant pas les manifestations de la place Tahrir a pris le parti du peuple et lâché Moubarak bien qu'issu de ses rangs. Ce calcul politique s'est bien évidemment mis en place au sein du commandement et des principaux généraux qui sont les principaux détenteurs du pouvoir politique égyptien. Le poids de l'armée tire sa source dans la position géostratégique du pays et de ses relations complexes avec son voisin israélien et dans l'aspiration d'un nationalisme arabe que porterait l'Egypte héritage nasserien.
En Libye , nous avons vu la confrontation d'une armée prétorienne fidèle au dictateur, de mercenaires recrutés par le régime et d'une armée rebelle agrégation de milices et de volontaires plus ou moins bien entrainés. De cette composition disparate de part et d'autre découlent les exactions qui ont pu être déplorées avec des responsabilités partagées, avant comme pendant et même après la chute de Kadhafi.


Le rôle des islamistes.

De ce point de vue aussi les situations sont diverses. C'est en Egypte que le rôle des Frères musulmans ainsi que celui des salafistes, semble le plus actif, y compris dans la participation et l'organisation des manifestations, ou plutôt leur encadrement. Il ne sont sans doute pas à l'origine du mouvement mais ont très vite compris l'intérêt politique à en tirer, intérêt qui s'est largement traduit dans les urnes à l'occasion des élections législatives, aussi bien qu'en Tunisie et en Libye. Les mouvements politiques islamistes sont disparates et il n'existee rien de commun entre la situation tunisienne et celle de l'Egypte ou encore de la Libye où il convient d'être vigilant à ce que sera l'évolution de ces deux régimes. L'annonce par le CNT de sa volontéé d'instaurer la Charia en Libye est de ce point de vue symptomatique et peut être inquiétant.

Voici pourquoi dans l'on peut s'interroger : pourquoiaprès des « printemps arabe,s" avons assisté à un "hiver islamiste."

A l'évidence les manifestants de Tunisie,d'Egypte, les rebels de Libye aspiraient à un changement de régime politique mais pas "à l'occidentale", ce changement politique s'effectue dans le cadre des repères culturels, historiques, traditionnels de ces pays. Partout où l'agitation populaire s'est fait sentir, les régimes qui ont concilié réformes et maintien du cadre traditionnel (exemple au Maroc) ont résisté sans trop de peine à la vague dont on pensait vue de l'Occident qu'elle allait déferler sur tout le monde arabe et en faire vaciller les bases fondamentales.

Il n'en est rien. A tout le moins pour le moment.

 

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